Le mouridisme
Historique

L'Historique
L’adoration de Dieu est la raison principale de la fondation de la ville de Touba en 1888 par Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Cette ville, située dans la région de Diourbel et à 194 km à l’Est de Dakar, est l’aboutissement d’un périple de Bamba, qui a duré de 1883 à 1886 entre Mbacké Cayor, Mbacké Baol et Darou Salam. En effet, les déplacements du Cheikh étaient motivés par une volonté de fuir les foules pour se consacrer uniquement à l’adoration de Dieu et être au service du Prophète Mohamed (Psl). En marge d’une exposition qu’elle a organisée pour les besoins du Magal, l’association Hizbut tarkqiyyah, qui fait des études et des recherches sur le mouridisme, affiche les nombreuses facettes de la ville sainte. Selon les mourides, Touba est une récompense divine à Cheikh Bamba pour sa ferveur et sa détermination. Dans un de ses xassaides intitulé Matlaboul Fawzeyni, (la quête du bonheur dans les deux mondes), Cheikh Ahmadou Bamba déclare : «Je rends grâce à Dieu de m’avoir conduit vers un lieu ou il a annihilé mes obstacles.»
Le mouridisme ou Mouridiyya (ou enc ore de façon complète est une confrérie soufie, la deuxième à pénétrer au Sénégal après la Tijaniyya où, avec la Gambie, elle est presque exclusivement implantée. Cette confrérie est fondée à la fin du xixe siècle par Cheikh Ahmadou Bamba et joue un rôle religieux, économique et politique de premier plan au Sénégal.
La tradition mouride est fortement marquée par la culture islamique. Les fidèles effectuent un pèlerinage annuel dans la ville sainte de Touba, au centre du Sénégal, le Magal, qui commémore le départ en exil, en 1895, du Cheikh Ahmadou Bamba sous la pression de l'autorité coloniale française.
Le terme « mouride » dériverait du verbe irâda يريد », vouloir), qui donne murīd (« مُريدْ »), « celui qui veut », « celui qui aspire »
Théologie et organisation interne
Le mouridisme a été fondé par Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), un réformateur musulman sunnite établi au Sénégal. Il est un théologien asharite, un faqîh maléquite, fondateur de sa propre voie soufi.
Cheikh Ahmadou Bamba, dans un contexte où la colonisation avait provoqué un choc social et culturel important, va peu à peu être reconnu par ses pairs comme l'héritier spirituel du prophète (qotb ou « pôle de sainteté ») "envoyé" par Dieu tous les cents ans et chargé de revivifier l'islam[réf. nécessaire].
Pour mener cette mission à bien, Cheikh Ahmadou Bamba prôna une théologie influencée par la secte Qadiriyya, à laquelle appartenait le maître de son père, Sidiyya. Le mouridisme est ainsi considéré comme une branche de la Qadiriyya, même s'il a aussi été influencé par la Tijaniyya et l'œuvre de Al-Ghazali. Cette réforme, avant tout pédagogique et spirituelle, entraina une réforme profonde la société sénégalaise.
Sa doctrine repose sur quatre principes fondamentaux : la foi en Dieu, l’imitation du Prophète Mohammed, l’apprentissage du Coran et l’amour du travail. Les Mourides assimilent à l'islam des traditions propres au peuple wolof, ce qui est le cas de la sanctification du travail, ou encore leur attachement très fort aux notions d'entraide et de solidarité.
Chaque année, de nombreux mourides se rendent en visite pieuse (ziarra) dans leur ville sainte de Touba, au centre du Sénégal. Environ six million d'entre eux ont effectué le "pèlerinage" annuel, le Magal, en aout 2025. Les plus orthodoxes des musulmans considèrent la dévotion extrême à Cheikh Ahmadou Bamba et à sa lignée de successeurs comme de l'idolâtrie, là ou les disciples n'y voient que la demande d'intercession "Tawassoul" et la recherche de bénédiction tabâruk.
La confrérie est « organisée selon une structure décrite par certains comme féodale, elle est fondée sur l’obéissance totale à une autorité spirituelle, le khalife général, descendant en ligne directe du fondateur ».
Histoire du mouvement
Pendant le mois de Ramadan en 1883, Cheikh Ahmadou Bamba réunit les enseignants et les élèves de l'école de Patar et leur dit : Le prophète m'est apparu pour me signifier que dorénavant, je devais éduquer les âmes par la volonté spirituelle et non point me limiter à l'enseignement pédagogique.
Beaucoup parmi les disciples décident de partir alors qu'une quarantaine d'entre eux choisissent de rester. Le but des disciples qui voulaient se rattacher à Cheikh Ahmadou Bamba devait être la communion avec Dieu. Ils seront les Mourid Allah (Ceux qui aspirent à Allah).
Khalifes
Après la disparition de Cheikh Ahmadou Bamba en 1927, cinq de ses fils lui succèdent comme « khalifes » par ordre d'âge. Après le décès du dernier de ses fils en 2007, les petits-fils du fondateur accèdent au califat.
Le Fondateur

Cheikh Ahmadou Bamba
Né à Mbacké-Baol, ville fondée par son arrière-grand-père Maharame Mbacké dans le royaume de Baol, fils du marabout de la confrérie de Xaadir – la plus ancienne du Sénégal – Mame Momar Anta Sali Mbacké, et de Mame Diarra Bousso, Ahmadou Bamba est un musulman soufi ascétique et mystique qui écrivait sur la méditation, les rituels et les études coraniques.
Il prêche avec succès la paix et promet le salut à ses disciples qui se seraient conformés à ses recommandations qui sont celles de Dieu et de son prophète dans l'islam Mahomet. Il fonde la ville de Touba (Sénégal) en 1887. Il est arrêté par les autorités coloniales, qui l'enferment dans la prison deSaint-Louis, siège du gouverneur de l'AOF (Afrique occidentale française), avant de l'envoyer en exil, en 1895, au Gabon. L'administration coloniale justifie alors sa décision en affirmant :
« Il ressort clairement du rapport que l'on a pu relever contre Ahmadou Bamba aucun fait de prédication de guerre sainte, mais son attitude, ses agissements, et surtout ceux de ses principaux élèves sont en tous points suspects. »
Il retourne à Dakar en 1902, après 7 ans et 9 mois d’exil au Gabon dans la forêt équatoriale, et est acclamé par la foule1 alors que beaucoup pensaient qu'il y était mort. L'administration coloniale tente à nouveau de l'arrêter, en envoyant des tirailleurs et des spahis, mais ses disciples (talibé) le protègent1. Il est finalement arrêté l'année suivante (1903) et amené pendant quatre ans enMauritanie.
Après 1910, les autorités françaises réalisent que Bamba ne désire pas la guerre. Dès lors, puisque la doctrine de Bamba les sert, elles décident de collaborer avec lui. Bamba refusa la Légion d'honneur. Son mouvement prit de l'ampleur en 1926 quand la construction de la Grande Mosquée de Touba, où il est inhumé, commença. Son tombeau est un lieu de pèlerinage. Après sa mort la confrérie des Mourides fut dirigée, avec une absolue autorité sur ses disciples, par ses héritiers.
Les Khalifes

Serigne Modou Moustapha Mbacké
Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké, né en 1888 à Darou Salam et mort le 13 juillet 1945 à Touba est un chef religieux musulman, fils de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké et premier khalife de la confrérie mouride.
Serigne Mouhamadou Moustapha est le fils de Cheikh Ahmadou Bamba et de Sokhna Aminata Lo. Il fait ses études coraniques chez son oncle maternel Serigne Ndame Abdourahmane Lo. Après avoir mémorisé le Coran, il poursuit ses études en sciences religieuses chez Mame Thierno Birahim Mbacké et finit ses études en mystique chez son père. Il accompagne ce dernier lors de sa déportation en Mauritanie, à Thiéyène et lors de sa résidence surveillée à Diourbel. L'écrivain Paul Marty le décrit dans son livre Études sur l'islam au Sénégal comme un jeune homme instruit, intelligent et timide.
Après la disparition de son père le 19 juillet 1927, il devient officiellement premier calife des Mourides le 25 juillet 1927. Il s'attaque ensuite à la construction de la Grande Mosquée de Touba qui était l'une des dernières volontés de son père mais est confronté au manque d'infrastructure nécessaire pour livrer le matériel permettant de réaliser cet édifice. Il mobilise des milliers de disciples déterminés pour la construction d'un chemin de fer de 50 km reliant Diourbel et Touba. Il pose la première pierre de la Grande Mosquée de Touba le 4 mars 1932 mais avec l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale en 1939 il fait arrêter les travaux.
Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké meurt le 13 juillet 1945 à Touba et est inhumé près de son père dans l'enceinte de la grande mosquée qu'il a fait construire.

Serigne Fallou Mbacké
Serigne Mouhamadou Fadl Mbacké, né le 27 juin 1888 à Darou Salam et mort le 6 août 1968 à Touba, est un dignitaire religieux musulman sénégalais. Il est le deuxième calife des mourides de 1945 jusqu'à sa mort en 1968.
Cheikh Fallou Mbacké, de son nom complet Cheikh Mouhamed Fadel Mbacké, est le second fils de Cheikh Ahmadou Bamba. Né le 27 juin 1888 à Darou Salam, jour commémoratif de l'ascension de Mahomet, il est le fils de Soxna Awa Bousso, issue d'une lignée d'éminents érudits ayant produit plusieurs imams à Touba. Son éducation coranique débute sous la tutelle de Serigne Ndame Abdourahmane Lo, où il mémorise le Coran. Par la suite, il poursuit ses études théologiques auprès de son oncle, Mame Mor Diarra Mbacké, avant de les achever avec son frère, Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké, sous la direction de leur père en Mauritanie.
En 1928, Cheikh Fallou accomplit le pèlerinage à La Mecque, réalisant ainsi le vœu inaccompli de son père. Après le décès de son frère aîné, Cheikh Moustapha Mbacké, il devient Khalife général des mourides le 13 juillet 1945. Sous son leadership, il s'attèle vigoureusement à la construction de la grande mosquée de Touba, qu'il inaugure le 7 juin 1963.
Cheikh Fallou Mbacké était réputé pour le don supposé de voir ses prières exaucées, comme s'il commandait aux éléments. Il entretenait également une relation proche avec le président sénégalais Léopold Sédar Senghor, un chrétien, ce qui était remarquable dans un pays majoritairement musulman.
Il décède le 6 août 1968 à Touba, laissant derrière lui un héritage important. Son frère cadet, Abdoul Ahad Mbacké, lui succède à la tête de la confrérie mouride. Le Magal, célébré chaque année pour commémorer son anniversaire, demeure un événement majeur attirant des centaines de milliers de disciples.

Serigne Abdoul Ahad Mbacké
Cheikh Abdoul Ahad Mbacké est né en 1914 à Diourbel. Il est le fils de cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme et de Sokhna Mariama Diakhaté. Il devient le troisième khalife général des mourides en succédant à son frère aîné Serigne Fallou Mbacké en 1968.
Comme ses prédécesseurs, il a su valoriser des sites : Kabes Gayes, Kade Bolodji, Mbarane Dieng, Bokki Barga, Touba Belel. Il entretenait des liens très étroits avec ses parents. Sous son khalifat, Touba a connu une expansion fulgurante et la cité bénite de Khadimou Rassoul accède aux infrastructures modernes : un hôpital, une gendarmerie, une gare routière, un marché. Il est à l'origine de la décoration à la marocaine et de l'extension de la mosquée qui ont nécessité la somme de 1 milliard 500 millions de francs et d'une bibliothèque qui abrite 170 000 ouvrages et Khassaides et des exemplaires du Coran. C'est à lui qu'on doit la poursuite de l'électrification, l'installation du réseau téléphonique, la mise en œuvre des rocades, l'implantation d'une dizaine de forages parmi lesquels celui de « Aïnou Rahmati », le puits de la miséricorde.
Le somptueux palais dénommé « Résidence Keur Serigne Touba » porte également la marque de Serigne Abdoul Ahad Mbacké pour un coût de 500 millions de francs CFA.
Son programme d'assainissement est surtout marqué par la restructuration du marché "occass" afin de lutter contre la contrebande et de redonner un nouveau code de conduite aux talibés pour rendre à Touba son côté sacré. Son appel destiné aux talibés à avoir chacun une résidence à Touba eut pour seul objectif de faire de la ville une métropole commune.
Cheikh Abdoul Ahad Mbacké décède le 19 juin 1989 à Touba. Il est remplacé par son frère cadet Cheikh Abdou Khadre Mbacké, imam de la grande mosquée de Touba.

Serigne Abdou Khadre Mbacké
Serigne Abdoul Khadre Mbacké a connu le califat le plus bref de l’histoire du mouridisme ; il ne sera en charge des affaires de la communauté en tant que calife que du 19 juin 1989 au 13 mai 1990. Ses qualités d’homme de Dieu avérées et sa dévotion à l’islam et à la cause du mouridisme lui vaudront le respect et l’estime de la postérité, toutes confessions confondues. Si l’on en est arrivé à cet état de fait, c’est parce que le Cheikh était aussi un grand fédérateur, humble et prévenant.
Quatrième calife de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, l’ « imam des imams » succèdera au trône son frère ainé, Cheikh Abdoul Ahad Mbacké, dès sa disparition. Mais durant le magistère de ces prédécesseurs, Serigne Abdoul Khadre, en frère et imam dévoué, aura la charge de diriger les prières à la grande mosquée de Touba, entre 1968 et la date de son rappel à Dieu.
Le quatrième calife de Serigne Touba est né en 1914 à Ndame. Il entreprendra le pèlerinage à la Mecque en 1976. Son rappel à Dieu surviendra le 13 mai 1990 alors qu’il était âgé de 75 ans. C’est à sa suite que Serigne Saliou dirigera la communauté mouride en tant que 5e calife de Bamba.

serigne Saliou Mbacké
Serigne Saliou Mbacké, né à Diourbel le 22 septembre 1915 et décédé à Touba le 28 décembre 2007, est une personnalité religieuse du Sénégal. Il est le fils de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du Mouridisme. Il est le 5e khalife des mourides entre 1990 et 2007 et bénéficie, à ce titre, d'une grande aura dans cette communauté, au Sénégal.
Serigne Saliou Mbacké devient khalife des mourides à la suite du décès de son frère Serigne Abdou Khadr Mbacké.
Serigne Saliou Mbacké ouvre plusieurs daaras où les étudiants suivent une éducation religieuse et travaillent dans les champs éparpillés à travers le pays (Ngott, Ndiapndal, Ndiouroul, Ndooka…).
Grand producteur, il a réalisé un énorme projet agricole (à Khelcom) sur une surface de 45 000 ha. Il reprend de nombreux travaux de rénovations aussi bien internes qu'externes de la mosquée et la construction de l'université islamique « al-Azhar » qu'avait entamée son frère aîné Serigne Abdoul Ahad Mbacké.
Il met en œuvre un plan de viabilisation de terrains d'environ 100 000 parcelles. Serigne Saliou Mbacké fait améliorer les réseaux d'approvisionnement en électricité et de traitement des eaux de pluie de Touba. Il fait aussi installer un hôpital dans la ville.
Serigne Saliou Mbacké est le dernier fils de Cheikh Ahmadou Bamba. Après sa mort, Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké , petit-fils de Bamba devient khalife.

Serigne Bara Mbacké
Il est des destins qui semblent tissés dès l’aube de la vie dans les fils d’une mission spirituelle. Celui de Serigne Mouhammadou Lamine Bara Mbacké, né en 1921 à Touba, appartient à cette lignée rare où le service de Dieu et la fidélité à l’œuvre d’un saint se mêlent intimement. Petit-fils de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du Mouridisme, il est le premier de cette descendance à accéder au khalifat général, portant ainsi, sur ses épaules déjà aguerries par le service, le manteau sacré du guide de la communauté.
Affectueusement surnommé El Hadji Bara, il portait le nom prestigieux de son homonyme, Serigne Mouhammadou Lamine Bara, fils de Serigne Touba. C’est auprès de ce dernier qu’il fit ses premiers pas dans la lumière du savoir. Là, il mémorisa le Coran, en apprit les règles de récitation et la science de la calligraphie. Mais plus qu’un apprentissage formel, ce fut une initiation profonde : il s’abreuva aux sources de la science religieuse, façonnant en lui un esprit nourri de la tradition et une âme trempée dans la dévotion.
Très tôt, il fut rappelé auprès de son père, Serigne Fallou Mbacké, deuxième Khalife général des Mourides. Mais leur lien n’était pas seulement celui du sang : à l’image de la relation entre Serigne Fallou et Serigne Touba, il fit de son père son guide spirituel, son maître et son modèle. Chargé de missions délicates, il fut son homme de confiance, guidant des groupes de pèlerins à La Mecque et remplissant des tâches qui demandaient courage, abnégation et sens du devoir.
El Hadji Bara n’était pas seulement un serviteur dévoué, il était un homme d’une ouverture rare. Sa maîtrise de l’arabe et du français lui donnait une aisance dans la communication, et son sens de l’organisation était unanimement reconnu. Il dirigea des travaux, unit des volontés, et sut allier tradition et méthode. Très proche de Serigne Saliou Mbacké, dont il fut le chauffeur pendant sept années, et de Serigne Abdou Khadre qu’il accompagnait fidèlement à la Grande Mosquée pour la prière du vendredi, il tissa des liens fraternels avec tous les héritiers de Khadimou Rassoul.
Il participait, de ses propres mains, aux travaux champêtres de Khelcom, dans l’effort collectif du défrichage, de l’entretien et des récoltes. Depuis l’inauguration de la Grande Mosquée de Touba en 1963, il y était presque chaque vendredi, fidèle à l’appel de la prière comme à un rendez-vous sacré. Sa bonté de cœur, sa générosité spontanée et sa parole franche lui valurent l’estime de tous.
Le 28 décembre 2007, à l’âge de 82 ans, il fut désigné sixième Khalife général des Mourides, succédant à Serigne Saliou Mbacké. C’était la première fois qu’un petit-fils de Serigne Touba accédait au plus haut rang de la communauté. Durant les trente mois de son khalifat, il insuffla un souffle nouveau : modernisation du Kazou Rajab, embellissement et décoration de la Grande Mosquée, ouverture aux médias et aux nouvelles technologies, mise en place d’une structure de communication, nomination d’un porte-parole officiel. Il œuvra également à l’achèvement de grands chantiers de Touba et posa, le 5 décembre 2009, la première pierre de la mosquée Massalikoul Jinaan, en présence du chef de l’État de l’époque Maître Abdoulaye Wade.
Mais plus encore que ses réalisations matérielles, c’est sa vision rassembleuse et son humilité profonde qui marquèrent les cœurs. Il ne revendiqua jamais l’ambition de diriger ; il servit tous ses prédécesseurs avec loyauté, sans distinction. Même au sommet de l’autorité spirituelle, il demeurait accessible, accueillant chaque sollicitation comme un devoir sacré.
Le 30 juin 2010, El Hadji Bara fut rappelé à Dieu, laissant un vide immense et un sentiment d’inachevé. Son khalifat fut bref, mais son héritage spirituel et moral reste, lui, profondément ancré. Bâtisseur, rassembleur, serviteur humble de l’héritage de Cheikh Ahmadou Bamba, il incarne cette génération de guides dont la grandeur se mesure moins à la durée du règne qu’à la profondeur de l’empreinte.
Ainsi, dans la mémoire des Mourides, Serigne Mouhammadou Lamine Bara Mbacké demeure cette lumière douce mais ferme, qui éclaire encore le chemin tracé par Khadimou Rassoul, rappelant que servir est le plus haut degré du leadership.

Serigne Sidy Moukhtar Mbacké
Il est des hommes dont la naissance est déjà une réponse à un appel céleste. Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, connu affectueusement comme Serigne Cheikh Maty Lèye, vit le jour un 15ᵉ jour béni de Ramadan, vers 1924, à Mbacké Kadior, village auréolé de spiritualité où Serigne Bara venait se retirer pour prier, apprendre et enseigner. Fils de Serigne Mouhamadou Lamine Bara ibn Khadim Rassoul et de Sokhna Maty Lèye, il hérita d’un sang imprégné de sainteté et d’un destin façonné par le souffle prophétique qui animait ses aïeux.
Dès son plus jeune âge, il fut plongé dans l’océan du savoir spirituel, recevant du Saint Coran la mélodie qui habiterait à jamais son cœur. Sous la direction de maîtres émérites comme Serigne Cheikh Awa Balla Mbacké et Serigne Dame Diop, il se forma aux sciences religieuses, au fiqh, au soufisme, mais aussi à cette éducation silencieuse qui grave la piété dans l’âme. Cette formation ne visait pas seulement à faire de lui un savant, mais un homme façonné par l’ascèse et la proximité divine.
Ceux qui l’ont connu dans sa jeunesse se souviennent d’un homme de taille modeste, au teint sombre illuminé par le regard, réservé, presque effacé. Mais derrière cette retenue se cachait une force intérieure d’une rare intensité. Très tôt, il choisit le chemin de la simplicité et du service. À Keur Nganda, où il s’établit en 1948, il fit jaillir l’eau des forages, apporta l’électricité, créa des espaces d’apprentissage et sema des graines qui, aujourd’hui encore, nourrissent corps et âmes.
Lorsque, le 22 mai 1990, il succéda à son frère à la tête du khalifat de son père, il en fit un instrument au service exclusif de la mission de Cheikh Ahmadou Bamba. Vingt ans plus tard, le 1ᵉʳ juillet 2010, le destin l’éleva à la plus haute fonction : 7ᵉ khalife général des mourides et premier à cumuler cette dignité avec celle de khalife de Darou Khoudoss et de Gouye Mbind. Triple khalife, triple charge, mais un seul objectif : servir Dieu par le service des hommes.
Il fut un guide qui ne recherchait ni l’éclat des honneurs ni la chaleur du pouvoir. Ses gestes suffisaient à parler pour lui : maisons offertes comme « hadiya » à la mémoire de Serigne Bara, daaras modernes construits pour l’éducation spirituelle et l’apprentissage du Coran, financement intégral de centaines de pèlerinages à la Mecque, entretien des mosquées, soutien discret aux nécessiteux.

Serigne Mountakha Mbacké
Serigne Mountakha Mbacké est né le 11 juillet 1932 à Darou Miname, au Sénégal. Il est le fils de Serigne Bassirou Mbacké et de sokhna bineta DIAKHATÉ
Dès son jeune âge, Serigne Mountakha Mbacké a été plongé dans un environnement religieux et éducatif rigoureux. Il a étudié le Coran et les sciences islamiques sous la tutelle de son père et d'autres érudits Mourides. Son éducation a été marquée par une discipline stricte et un engagement profond envers les valeurs et les enseignements de la confrérie Mouride.
Avant de devenir Khalife général, Serigne Mountakha Mbacké a occupé plusieurs postes de responsabilité au sein de la confrérie. Il a été impliqué dans la gestion des affaires religieuses, éducatives et sociales des Mourides. Il a supervisé plusieurs projets de construction de mosquées, d'écoles coraniques et d'institutions sociales.
Il est également connu pour son rôle dans la médiation des conflits au sein de la communauté et pour son engagement à maintenir la paix et l'harmonie. Ses qualités de leadership et son dévouement à la cause Mouride ont été largement reconnus et respectés.
En janvier 2018, à la suite du décès de Serigne Sidi Moukhtar Mbacké, Serigne Mountakha Mbacké a été nommé Khalife général des Mourides. En tant que Khalife général, il est responsable de la direction spirituelle et administrative de la confrérie. Il supervise les activités religieuses, éducatives et sociales des Mourides et joue un rôle crucial dans la promotion des enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba.
Sous sa direction, la confrérie Mouride a continué de croître et de prospérer. Il a mis en place plusieurs initiatives visant à renforcer l'éducation religieuse, à promouvoir le développement économique et social et à soutenir les activités caritatives.
Serigne Mountakha Mbacké est également connu pour son engagement envers la paix et la stabilité au Sénégal. Il a souvent appelé à l'unité et à la cohésion sociale dans le pays, et a joué un rôle de médiateur lors de crises politiques et sociales.
Serigne Mountakha Mbacké est une figure respectée et influente au Sénégal et au-delà. Son leadership spirituel et ses contributions à la communauté Mouride ont eu un impact significatif sur la société sénégalaise. Il est largement reconnu pour sa sagesse, sa piété et son dévouement à la cause de la confrérie Mouride.
Son héritage est marqué par son engagement envers l'éducation, le développement social et économique, et la promotion des valeurs de paix et d'unité. Il continue d'inspirer des milliers de personnes par son exemple de vie et ses enseignements.